Système de projection des professions au Canada (SPPC)

Sommaire industriel

Services publics d'électricité, de gaz et d'eau

(SCIAN 2211; 2212; 2213)

Cette industrie comprend les établissements dont l’activité principale est l’exploitation de services publics d’électricité, de gaz et d’eau. Les établissements de cette industrie assurent la production, le transport, la gestion et la distribution d’électricité; la distribution de gaz naturel; le traitement et la distribution de l’eau ainsi que l’exploitation des égouts et des usines de traitement des eaux usées et des systèmes connexes (comme les systèmes de chauffage à la vapeur et les systèmes de conditionnement de l’air). Ces établissements fournissent généralement leurs services par l’entremise d’une infrastructure permanente de conduites, de tuyauteries ainsi que d’installations de traitement et de transformation. La production, le transport et la distribution d’électricité est de loin le plus important des trois segments, totalisant 81 % de la production en 2021. L’industrie est essentiellement axée sur le marché intérieur et est très sensible aux fluctuations dans la production industrielle et les activités de construction. L’industrie comptait 140 800 travailleurs en 2021, dont 78 % dans la production, le transport et la distribution d’électricité, 9 % dans la distribution de gaz naturel et 13 % dans l’exploitation de réseaux d’aqueduc, d’égout et autres. L’emploi est principalement concentré en Ontario (38 %), au Québec (19 %), en Alberta (14 %) et en Colombie Britannique (13 %). La main-d’œuvre est caractérisée par une forte proportion de travailleurs masculins (73 %) et bénéficie d’une rémunération supérieure à la moyenne nationale, en partie attribuable à un taux de syndicalisation élevé. Les professions clés (CNP à 4 chiffres) incluent :

  • Monteurs/monteuses de lignes électriques et de câbles (7244)
  • Opérateurs/opératrices d’installations du traitement de l’eau et des déchets (9243)
  • Mécaniciens/mécaniciennes de centrales et opérateurs/opératrices de réseaux électriques (9241)
  • Surveillants/surveillantes dans le raffinage du pétrole, dans le traitement du gaz et des produits chimiques et dans les services d’utilité publique (9212)
  • Directeurs/directrices des services d’utilité publique (0912)
  • Électriciens/électriciennes de réseaux électriques (7243)
  • Mécaniciens/mécaniciennes de chantier et mécaniciens/mécaniciennes industrielles (7311)
  • Ingénieurs électriciens et électroniques/ingénieures électriciennes et électroniciennes (2133)
  • Technologues et techniciens/techniciennes en génie électronique et électrique (2241)
  • Personnel d’entretien des canalisations d’eau et de gaz (7442)
  • Monteurs/monteuses d’installations au gaz (7253)

Après avoir reculé de façon marquée en 2009 sous l’effet du ralentissement économique, la production de l’industrie des services publics s’est rapidement redressée au cours des deux années suivantes, stimulée par la reprise de l’activité industrielle et des activités de construction. Le PIB a stagné en 2012 et 2013, avant d’augmenter de façon continue jusqu’en 2019, mais le rythme de croissance a été partiellement contraint par les progrès réalisés en matière d’efficacité énergétique et la baisse d’électro-intensité de l’économie canadienne (l’électro-intensité se définit comme la quantité d’électricité utilisée par dollar du PIB). Les fermetures d’entreprises et le confinement à domicile durant la pandémie de COVID-19 ont réduit les besoins énergétiques, alors que des événements météorologiques extrêmes (sécheresses et faibles précipitations) sont venus perturber la production d’électricité dans certaines provinces, entraînant des baisses significatives du PIB en 2020-2021. Ceci est venu abaisser le taux de croissance moyen du PIB de l’industrie à 0,5 % par année pour l’ensemble de la période 2012-2021. Bien que la productivité soit élevée dans l’industrie en raison de sa haute intensité en capital, celle-ci ne s’est que très peu améliorée dans les dernières années, puisque les conditions météorologiques sont venues contraindre la production d’hydroélectricité. La croissance du PIB a donc été largement alimentée par une croissance annuelle moyenne de l’emploi de 0,4 % au cours de la dernière décennie (contre seulement 0,1 % pour la productivité). Cela dit, bien que le PIB ait augmenté de façon continue jusqu’en 2019, l’emploi et la productivité ont plutôt connu d’importantes fluctuations, rendant les taux de croissance moyens moins significatifs pour ces deux indicateurs.

Au cours de la période de projection, on s’attend à ce que la croissance du PIB de l’industrie accélère considérablement par rapport à la période 2012-2021, principalement alimentée par la reprise et l’expansion du segment de l’électricité. L’industrie est un élément fondamental de l’économie canadienne car elle fournit l’infrastructure de base pour soutenir la croissance économique dans différents secteurs d’activité. En plus de bénéficier d’une croissance soutenue dans plusieurs secteurs industriels et commerciaux, l’industrie profitera aussi d’une croissance plus rapide de la population en raison de la hausse des cibles d’immigration, ce qui augmentera la demande pour les infrastructures reliées à l’eau et à l’énergie. Mais de façon plus importante encore, le segment de l’électricité bénéficiera d’investissements substantiels à mesure que le pays s’orientera vers la décarbonisation. Le Canada a récemment revu à la hausse ses objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour 2030, les fixant à 40 % en dessous des niveaux de 2005, avec comme objectif d’atteindre la carboneutralité d’ici 2050. Cela signifie, par exemple, une demande accrue pour des véhicules électriques et des stations de recharge à travers le pays. Pour soutenir cette transition, la construction de plusieurs projets d’énergie renouvelable seront entrepris dans les prochaines années, incluant l’énergie hydroélectrique, solaire et éolienne. Plusieurs sociétés d’état provinciales de services publics prévoient augmenter leurs dépenses d’investissement à court terme et différents projets de long terme sont en cours de développement. L’objectif de ces investissements est de moderniser et d’améliorer l’infrastructure actuelle afin de répondre à l’augmentation de la demande. Hydro-Québec mènera la charge en augmentant ses dépenses d’investissement de 35 % au cours des cinq prochaines années. Plusieurs projets d’énergie solaire et éolienne devraient voir le jour en Alberta, représentant des milliards d’investissements, alors que l’Ontario prévoit déployer de petits réacteurs modulaires pour produire de l’électricité à faible teneur en carbone.

La demande d’énergie renouvelable aux États-Unis devrait également demeurer forte et soutenir les exportations en provenance du Québec, de l’Ontario, de la Colombie-Britannique et du Manitoba. Par exemple, Hydro-Québec a récemment signé un contrat de 25 ans pour fournir de l’électricité à la ville de New York d’ici 2025. Les perspectives sont également positives pour le gaz naturel, soutenues par la croissance des secteurs des ressources naturelles et l’activité manufacturière, principaux utilisateurs de gaz naturel, et par la décision des producteurs d’électricité de l’Alberta d’éliminer l’électricité produite à partir du charbon à partir de 2023, au profit du gaz naturel. Bien que l’utilisation industrielle du gaz naturel au Canada pourrait diminuer avec l’augmentation de la taxe sur le carbone, il s’agira d’un déplacement de la production d’énergie produite à partir du gaz naturel vers l’électricité, et non d’un déplacement de la demande. Dans l’ensemble, les efforts déployés en faveur de l’électrification de l’économie maintiendront la croissance de l’industrie des services publics, mais les perspectives ne sont pas à l’abri des risques. Le resserrement du marché du travail et la forte inflation pourraient retarder la construction de certains projets ou les rendre plus coûteux et ainsi diminuer leur rentabilité. De plus, les conditions météorologiques extrêmes, comme les inondations et les sécheresses, devraient devenir plus fréquentes, ce qui pourrait affecter la production d’électricité, particulièrement dans les provinces qui dépendent de l’hydroélectricité. Cela dit, on projette que le PIB de l’ensemble de l’industrie augmentera de 1,6 % par année en moyenne sur la période 2022-2031, et les gains de production devraient être répartis de façon égale entre la croissance de l’emploi et celle de la productivité. En effet, la croissance de la productivité devrait accélérer au taux moyen de 0,8 % par année, grâce à la mise en service de mégaprojets tels que le projet d’énergie propre Site C (Colombie-Britannique) et à la hausse de la production attribuable à l’achèvement des centrales de Muskrat Falls (Terre-Neuve-et-Labrador) et de Keeyask (Manitoba). L’emploi devrait donc également croître à un taux annuel de 0,8 % sur la période 2022-2031, soit deux fois plus rapidement qu’au cours des dix années précédentes, ce qui s’explique en partie par une croissance plus rapide de la production.

Croissance du PIB réel et de l’emploi dans les services publics d’électricité, de gaz et d’eau

Ce graphique montre la croissance annuelle du PIB réel et de l’emploi au cours des périodes 2012 à 2021 et 2022 à 2031 dans les services publics d’électricité, de gaz et d’eau. Les données sont présentées dans le tableau à la suite de ce graphique

Sources : Statistique Canada (données historiques) et EDSC, projections industrielles 2022 du SPPC.

Version texte de la figure Croissance du PIB réel et de l’emploi dans les services publics d’électricité, de gaz et d’eau (moyenne annuelle, %)
  PIB réel Emploi
2012-2021 0,5 0,4
2022-2031 1,6 0,8

Sources : Statistique Canada (données historiques) et EDSC, projections industrielles 2022 du SPPC.


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