Système de projection des professions au Canada (SPPC)

Sommaire industriel

Agriculture

(SCIAN 1111-1119; 1121-1129; 1151-1152)

L’industrie de l’agriculture est composée de trois segments distincts: la culture agricole (77 % de la production totale en 2021); l’élevage (16 %); et les activités de soutien (6 %). La culture agricole comprend la culture de plantes oléagineuses et de céréales, de fruits et de légumes ainsi que de plantes, de vignes et de cannabis. L’élevage comprend l’élevage de bovins, de porcs, de volailles et d’autres animaux pour la production de produits carnés, de produits laitiers et d’ovoproduits. Ce segment comprend aussi l’aquaculture et l’apiculture. Parmi les activités de soutien, on retrouve les services de récolte, d’épandage d’engrais et de stérilisation, et tous les services liés à l’élevage du bétail et des animaux de compagnie. La culture agricole est fortement orientée vers les exportations, alors que l’élevage est essentiellement tourné vers le marché intérieur. En 2021, l’industrie comptait un total de 251 800 travailleurs, dont 46 % dans la culture agricole et 44 % dans l’élevage. L’emploi est principalement concentré en Ontario (27 %), au Québec (22 %), en Alberta (14 %) et en Saskatchewan (11 %). La main-d’œuvre est caractérisée par une forte proportion de travailleurs masculins (68 %) et de travailleurs autonomes (52 %). Les professions clés (CNP à 4 chiffres) incluent :

  • Gestionnaires en agriculture (0821)
  • Ouvriers/ouvrières agricoles (8431)
  • Entrepreneurs/entrepreneuses de services agricoles, surveillants/surveillantes d’exploitations agricoles et ouvriers spécialisés/ouvrières spécialisées dans l’élevage (8252)
  • Ouvriers/ouvrières de pépinières et de serres (8432)
  • Manœuvres à la récolte (8611)
  • Gestionnaires en horticulture (0822)
  • Manœuvres de l’aquaculture et de la mariculture (8613)
  • Entrepreneurs/entrepreneuses et superviseurs/superviseures des services de l’aménagement paysager, de l’entretien des terrains et de l’horticulture (8255)
  • Conducteurs/conductrices de camion de transport (7511)
  • Gestionnaires en aquaculture (0823)

L’industrie de l’agriculture est très sensible aux conditions météorologiques, aux fluctuations de la demande et des prix sur les marchés mondiaux, ainsi qu’à l’activité économique dans les industries de la transformation des aliments et des services de restauration. Au niveau national, le PIB agricole a augmenté de façon continue de 2012 à 2020, soutenue par la croissance de la demande intérieure et extérieure. Du côté de l’offre, les innovations en biotechnologie ont permis d’augmenter les rendements des cultures agricoles, alors que des investissements importants dans l’automatisation ont permis de réduire les coûts de production. Le segment du cannabis a dominé la croissance de la production depuis qu’il a été légalisé pour un usage récréatif en 2018, augmentant à un taux annuel moyen de 25 %, doublant presque sa part de la production agricole de 15 % en 2018 à 29 % en 2021. La pandémie de COVID-19 a eu un impact important sur l’industrie, car les producteurs ont été contraints de réagir rapidement à de nouvelles perturbations, comme des pénuries de main-d’œuvre, le renforcement des réglementations en matière de santé publique, les fluctuations du marché, les retards dans la chaîne d’approvisionnement, les fermetures d’usines de transformation de la viande, ainsi que l’arrêt des activités dans l’industrie des services de restauration. Malgré ces obstacles, l’industrie de l’agriculture a mieux performé que l’économie canadienne en 2020, enregistrant une croissance de sa production de 4,5 %. Toutefois, de sévères sécheresses dans l’Ouest canadien et des inondations en Colombie-Britannique ont réduit le rendement des cultures agricoles en 2021, entraînant une forte diminution du PIB et de l’emploi. Le taux de croissance du PIB dans l’ensemble de l’industrie s’est ainsi établi à 2,3 % par année en moyenne sur la période 2012-2021. Puisque de nombreux aspects de la production agricole, comme l’ensemencement, la surveillance des cultures et la gestion des écosystèmes, ont été largement automatisés, l’emploi dans l’industrie a diminué presque continuellement au cours de la même période, en baisse de 2,0 % par année. Cela signifie que la croissance de la production est entièrement provenue d’une hausse de la productivité au cours de la dernière décennie. Les gains de productivité ont été stimulés par un certain nombre de facteurs, notamment l’augmentation de la taille des fermes, l’intensification des cultures génétiquement modifiées, une plus grande utilisation de pesticides et de fertilisants, ainsi que l’introduction de machines et d’équipements améliorant la productivité, comme des trayeuses laitières et des systèmes d’alimentation automatisés pour le bétail et des systèmes avancés de contrôle de l’environnement pour la production de cannabis. Les agriculteurs utilisent également de plus en plus de drones pour surveiller les cultures, de systèmes automatisés pour lutter contre les parasites, et d’appareils permettant de traiter un grand volume de données pour optimiser l’ensemencement et la fertilisation. L’automatisation des processus de production au cours des dernières années a fait de l’agriculture l’industrie ayant enregistré la plus forte croissance de la productivité au Canada. En effet, la productivité a augmenté à un taux annuel moyen de 4,3 % de 2012 à 2021.

Le PIB de l’agriculture devrait continuer de croître à un rythme robuste durant la prochaine décennie, notamment à court terme, à mesure que la production se remettra de la forte baisse enregistrée en 2021. Après avoir bondi à des niveaux record en 2021 en raison de la baisse de la production mondiale et de la forte demande, les prix devraient demeurer élevés, car le conflit entre la Russie et l’Ukraine viendra s’ajouter à une production agricole mondiale déjà sous tension. À plus long terme, la croissance de la population canadienne continuera à alimenter la demande intérieure alors que la robustesse de la demande mondiale devrait contribuer à maintenir des prix élevés et à soutenir les exportations, quoique les prix demeureront soumis à une forte volatilité en raison de l’imprévisibilité de la production agricole et des fluctuations du coût des intrants (comme l’énergie et les fertilisants). Puisqu’une grande partie de la production canadienne est destinée aux marchés étrangers, la hausse de la population mondiale, l’augmentation du revenu par habitant dans les économies en développement et émergentes ainsi qu’une plus grande libéralisation du commerce continueront à alimenter la demande. Au cours des dernières années, le gouvernement du Canada a négocié de nouveaux accords commerciaux visant à améliorer l’accès aux marchés. Par exemple, l’Accord économique et commercial global entre le Canada et l’Union européenne (AECG) a réduit les droits de douane sur de nombreux produits agricoles destinés au marché de l’UE, mais a aussi favorisé l’accès aux segments de l’industrie agricole canadienne qui sont protégés par la gestion de l’offre, augmentant ainsi la concurrence étrangère sur le marché intérieur. Parmi les autres moteurs potentiels de croissance à long terme, mentionnons l’utilisation accrue des biocarburants et les répercussions associées aux changements climatiques. Les biocarburants représentent une alternative prometteuse aux combustibles fossiles, mais le manque de clarté en matière de politique future, nécessaire pour définir la demande future du marché, constitue un obstacle important. Enfin, si les perturbations climatiques peuvent avoir un impact négatif sur la production agricole, elles pourraient aussi avoir un impact positif en permettant une extension de la saison agricole. Sur le plan domestique, le taux de croissance de la production de cannabis devrait ralentir pour atteindre des niveaux plus soutenables à mesure que ce segment arrive à maturité, mais la croissance devrait continuer à surpasser celle de l’ensemble de l’industrie.

En moyenne, la croissance du PIB de l’industrie devrait atteindre 2,7 % par année sur la période 2022-2031. Cette légère accélération dans la croissance de la production par rapport à la dernière décennie entraînera un modeste rebond de l’emploi, mais de nouveaux gains de productivité continueront à freiner la création d’emplois. La croissance annuelle de l’emploi devrait donc s’établir à un modeste 0,4 %, en moyenne, sur la période de projection, laissant le nombre de travailleurs agricoles sous son niveau pré-pandémique de 2019. L’intensification de la concurrence sur les marchés internationaux et les difficultés à recruter de la main d’œuvre continueront à inciter les agriculteurs canadiens à réduire leurs coûts et à utiliser des technologies de plus en plus novatrices, telles que des capteurs biométriques pour examiner le bétail, des trayeuses à apprentissage automatique, et des tracteurs sans conducteur guidés par des dispositifs de géolocalisation par satellite. Toutefois, puisqu’une grande partie de la mécanisation des processus et de l’adoption des technologies a eu lieu durant la dernière décennie, la croissance de la productivité ne devrait pas être aussi robuste au cours des dix prochaines années, enregistrant une moyenne annuelle de 2,3 %. Une main-d’œuvre vieillissante et des difficultés à attirer les travailleurs canadiens en raison de la nature saisonnière de l’industrie, de son emplacement rural, de la faiblesse des salaires et des longues heures de travail ont entraîné un recours accru aux travailleurs étrangers temporaires dans les activités agricoles. Dans son budget 2022, le gouvernement fédéral a annoncé un investissement de plus d’un milliard de dollars pour améliorer la durabilité de l’industrie et réduire les émissions de GES, ainsi qu’un financement de 156 millions de dollars pour améliorer le Programme des travailleurs étrangers temporaires, dont 48 millions de dollars destinés à la mise en œuvre d’un nouveau programme pour l’agriculture et la transformation du poisson.

Croissance du PIB réel et de l’emploi dans l'agriculture

Ce graphique montre la croissance annuelle du PIB réel et de l’emploi au cours des périodes 2012 à 2021 et 2022 à 2031 dans l'agriculture. Les données sont présentées dans le tableau à la suite de ce graphique

Sources : Statistique Canada (données historiques) et EDSC, projections industrielles 2022 du SPPC.

Version texte de la figure Croissance du PIB réel et de l’emploi dans l'agriculture (moyenne annuelle, %)
  PIB réel Emploi
2012-2021 2,3 -2,0
2022-2031 2,7 0,4

Sources : Statistique Canada (données historiques) et EDSC, projections industrielles 2022 du SPPC.


Date de modification :