Système de projection des professions au Canada (SPPC)
Sommaire industriel
Produits alimentaires et boissons
SCIAN 3111-3119; 3121; 3122; 3123
Cette industrie comprend les établissements dont l’activité principale est la fabrication d’aliments, de boissons et de produits du tabac. La fabrication d’aliments représente de loin le plus important des trois segments, totalisant 77 % de la production en 2021, suivie par la fabrication de boissons (18 %) et des produits du tabac (4 %). L’industrie est fortement orientée vers le marché intérieur car environ les deux tiers de sa production est vendue au Canada. Toutefois, les marchés étrangers représentent une part croissante des ventes totales, les exportations représentant 38 % des recettes, comparativement à 24 % il y a dix ans. Avec un total de 311 500 travailleurs en 2021, l’industrie est le plus important employeur du secteur manufacturier (18 % de l’emploi manufacturier). La plupart des travailleurs œuvrent dans le segment de la fabrication d’aliments (85 %) et l’emploi est fortement concentré en Ontario (38 %) et au Québec (27 %). La main-d’œuvre est caractérisée par une majorité de travailleurs masculins (60%) et les professions clés (CNP 4 chiffres) incluent[1] :
- Opérateurs/opératrices de machines et de procédés industriels dans la transformation des aliments et des boissons (9461)
- Manœuvres dans la transformation des aliments et des boissons (9617)
- Surveillants/surveillantes dans la transformation des aliments et des boissons (9213)
- Bouchers industriels/bouchères industrielles, dépeceurs-découpeurs/dépeceuses-découpeuses de viande, préparateurs/préparatrices de volaille et personnel assimilé (9462) Boulangers-pâtissiers/boulangères-pâtissières (6332)
- Échantillonneurs/échantillonneuses et trieurs/trieuses dans la transformation des aliments et des boissons (9465)
- Ouvriers/ouvrières dans les usines de transformation du poisson et de fruits de mer (9463)
- Manœuvres dans la transformation du poisson et des fruits de mer (9618)
L’industrie a affiché une hausse de sa production durant la majeure partie de la dernière décennie, enregistrant une croissance positive dans chacun des trois segments. Bien que l’augmentation de la demande intérieure ait été l’épine dorsale pour les segments des produits alimentaires et boissons au cours de cette période, la croissance de la production a été principalement alimentée par la hausse de la demande extérieure, notamment en provenance des marchés américains et asiatiques. La baisse de la valeur du dollar canadien depuis 2014-2015 a également contribué à la hausse des exportations. Puisque les ménages ont réduit leur consommation de tabac, la production dans ce segment a stagné jusqu’en 2018, avant d’augmenter considérablement ces dernières années grâce à la légalisation du cannabis au Canada. La croissance de la production pour l’ensemble de l’industrie a été temporairement interrompue en 2020, mais contrairement à la plupart des autres industries manufacturières, le recul du PIB a été marginale durant la première année de la pandémie de COVID-19 (-1,0 %), puisque l’alimentation est une nécessité. Le confinement à domicile a également entraîné une hausse significative des dépenses de consommation dans les épiceries comme alternative aux restaurants, stimulant la fabrication de produits alimentaires et de boissons en 2021 (+5,4 %). La croissance du PIB de l’industrie s’est ainsi établie à 1,7 % par année en moyenne sur l’ensemble de la période 2012-2021. Après avoir atteint un sommet en 2019, l’emploi a fortement chuté en 2020, avant de rebondir en 2021, mais sans pleinement récupérer les pertes encourues durant l’année précédente. L’emploi a augmenté à un taux moyen de 0,8 % annuellement au cours de la dernière décennie, puisque la hausse de la productivité (+0,9 % par année) a été une source significative de croissance du PIB. En effet, l’intensification de la concurrence étrangère sur le marché des produits alimentaires et des boissons a incité l’industrie canadienne à entreprendre un nombre important de restructurations et consolidations pour demeurer concurrentielle à l’échelle mondiale. Des usines de plus grande dimension ont permis aux fabricants de profiter d’économies d’échelle et de limiter les coûts par unité de production. Par ailleurs, les dépenses en capital dans certains segments alimentaires ont également recommencé à augmenter, entraînant une plus grande utilisation de la technologie, ce qui est venue accroître la productivité dans l’industrie.
Au cours de la période 2022-2031, on projette que la croissance du PIB dans l’industrie des produits alimentaires et boissons accélèrera de façon marginale par rapport à la décennie précédente, puisqu’une croissance plus rapide de la population, alimentée par une hausse des cibles d’immigration, viendra soutenir la demande intérieure. Le changement dans les schémas de consommation vers des produits de meilleure qualité et d’origine locale dans un écosystème plus transparent, profitera aux producteurs canadiens. Les exportations devraient continuer à bénéficier de la valeur relativement faible du dollar canadien et de nouveaux débouchés commerciaux découlant de l’Accord économique et commercial global (AEGG) entre le Canada et l’Union européenne et de l’Accord de partenariat transpacifique global et progressif (PTPGP). On anticipe également que les exportations de produits alimentaires bénéficieront de la hausse des revenus et de l’expansion de la classe moyenne dans les marchés émergents. En général, les pays en développement affichent un taux de croissance démographique plus élevé que celui des pays développés, ainsi qu’une plus grande capacité à augmenter la consommation de produits alimentaires par habitant. En plus de renforcer la compétitivité des prix des exportations canadiennes de produits alimentaires et de boissons, la faible valeur du dollar canadien viendra augmenter les prix à l’importation et favoriser l’achat de produits locaux. Bien que la consommation de tabac devrait diminuer davantage, la fabrication de produits à base de cannabis continuera à augmenter, soutenant ainsi la croissance de ce segment.
En revanche, le vieillissement de la population devrait venir restreindre la croissance de la demande pour les produits alimentaires. Il est largement admis que le besoin de s’alimenter tend à diminuer avec l’âge. Les données empiriques montrent d’ailleurs que les personnes âgées consacrent une proportion plus faible de leur revenu à l’alimentation et à l’habillement, en particulier lorsqu’elles sont retirées du marché du travail. En outre, le ralentissement anticipé dans la croissance du revenu disponible (attribuable au ralentissement graduel de la croissance de l’emploi au Canada et aux retraites massives des baby-boomers) devrait également venir peser sur les dépenses de consommation. Bien que la nourriture soit une nécessité et que les dépenses alimentaires sont généralement moins sensibles aux fluctuations de la consommation des ménages, les dépenses alimentaires de nature discrétionnaire sont plus à risque de subir une baisse de la demande. Dans l’ensemble, on projette que le PIB de l’industrie progressera à un taux moyen de 1,8 % annuellement sur la période 2022-2031, ce qui représente une légère amélioration par rapport à la décennie précédente. Ce facteur, combiné à des gains de productivité plus modérés, devrait entraîner une modeste accélération de la croissance de l’emploi, au taux moyen de 1,0 % par année. Néanmoins, la création d’emplois demeurera contrainte par des gains supplémentaires en matière de productivité (+0,8 % annuellement), car les innovations technologiques, notamment dans la robotique de pointe, devraient se traduire par une plus grande automatisation du processus de production.
Croissance du PIB réel et de l’emploi dans les produits alimentaires et boissons
Sources : Statistique Canada (données historiques) et EDSC, projections industrielles 2022 du SPPC.
PIB réel | Emploi | |
---|---|---|
2012-2021 | 1,7 | 0,8 |
2022-2031 | 1,8 | 1,0 |
Sources : Statistique Canada (données historiques) et EDSC, projections industrielles 2022 du SPPC.
[1]Les professions clés dans la plupart des industries manufacturières incluent également : Directeurs/directrices de la fabrication (0911); Mécaniciens/mécaniciennes de chantier et mécaniciens industriels/mécaniciennes industrielles (7311); Manutentionnaires (7452); Expéditeurs/expéditrices et réceptionnaires (1521); Conducteurs/conductrices de camion de transport (7511); Technologues et techniciens/techniciennes en génie industriel de fabrication (2233); Électriciens industriels/électriciennes industrielles (7242); et Ingénieurs/ingénieuses d’industrie et de fabrication (2141).Retour au texte.