Système de projection des professions au Canada (SPPC)

Sommaire industriel

Services d'hébergement

(SCIAN 7211; 7212; 7213)

Cette industrie comprend les établissements dont l’activité principale consiste à offrir des services d’hébergement de courte durée à des voyageurs et à des vacanciers dans des installations comme des hôtels, des centres de villégiature, des motels, des gîtes touristiques, des chalets et des cabines. Ces établissements peuvent offrir des services complémentaires, tels que des services de restauration, des activités récréatives, des salles de conférence et la tenue de congrès, ainsi que des services de blanchisserie et de stationnement. L’industrie comprend également les établissements qui exploitent des parcs pour véhicules récréatifs (RV) et des camps de loisirs (y compris des terrains de camping et des camps de chasse et de pêche); et les établissements qui exploitent des maisons de chambres et des pensions de familles, qui peuvent servir de résidence principale durant la période d’occupation. L’hébergement des voyageurs représente de loin le plus important des trois segments, totalisant 86 % de l’emploi en 2018, suivi des parcs pour véhicules récréatifs et camps de loisirs (12 %), et des maisons de chambres et pensions de famille (2 %). La ventilation des SCIAN à 4 chiffres pour le PIB n’est pas disponible. Dans l’ensemble, l’industrie comptait 130 500 travailleurs en 2021 (comparativement à 188 900 en 2019), principalement concentrés en Ontario (34 %), en Colombie-Britannique (23 %), au Québec (17 %) et en Alberta (11 %). La main-d’œuvre est composée d’une majorité de travailleurs féminins (61 %) et caractérisée par des salaires passablement inférieurs à la moyenne de l’ensemble de l’économie et par une proportion importante de travailleurs à temps partiel (26 %). Les professions clés (CNP à 4 chiffres) incluent :

  • Préposés/préposées à l’entretien ménager et au nettoyage – travaux légers (6731)
  • Réceptionnistes d’hôtel (6525)
  • Directeurs/directrices des services d’hébergement (0632)
  • Concierges et surintendants/surintendantes d’immeubles (6733)
  • Superviseurs/superviseuses des services d’hébergement, de voyages, de tourisme et des services connexes (6313)
  • Gouvernants principaux/gouvernantes principales (6312)
  • Personnel de soutien en services d’hébergement, de voyage et en services de montage d’installation (6721)

* Incluent également plusieurs professions reliées à l’industrie des services de restauration:

  • Cuisiniers/cuisinières (6322)
  • Serveurs/serveuses au comptoir, aides de cuisine et personnel de soutien assimilé (6711)
  • Chefs (6321)
  • Barmans/barmaids (6512)
  • Maîtres d’hôtel et hôtes/hôtesses (6511)

Les services d’hébergement reposent en grande partie sur les activités touristiques et les voyages d’affaires, qui a leur tour reposent sur les dépenses de consommation et les activités des entreprises au pays et à l’étranger (le tourisme intérieur représente environ 60 % des revenus totaux). Par conséquent, l’industrie est particulièrement sensible aux fluctuations économiques sur la scène nationale et internationale, aux frais de voyage, et à la valeur du dollar canadien. Après avoir stagné pendant la récession mondiale de 2008-2009, la production a augmenté à un rythme plutôt modes jusqu’en 2015, reflétant la faiblesse des dépenses discrétionnaires consacrées à l’activité touristique et aux voyages d’affaires, ainsi que le ralentissement de l’économie canadienne suite au choc pétrolier de 2014-2015. La croissance de la production a accéléré de façon substantielle de 2016 à 2019, puisque l’activité touristique a bénéficié d’un certain nombre de facteurs, incluant une hausse considérable des dépenses de consommation attribuable à robustesse du marché du travail au Canada et aux États-Unis; plusieurs événements d’envergure comme le 150e anniversaire de la Confédération canadienne et le 375e anniversaire de la ville de Montréal; et le fait que le Canada a été reconnu comme la meilleure destination touristique par Lonely Planet et le New York Times en 2017. La réduction des coûts du carburant et la forte dépréciation du dollar canadien en 2014-2015 ont également contribué à stimuler l’activité touristique et à augmenter la demande domestique et étrangère pour les services d’hébergement. En effet, la réduction des coûts du carburant a entraîné une baisse des tarifs pour le transport aérien et terrestre, alors que la dépréciation du dollar a attiré un grand nombre de touristes étrangers au Canada, particulièrement des Américains, et incité davantage de Canadiens à demeurer au pays pour leurs vacances.

Cependant, l’industrie a été dévastée par la pandémie de COVID-19, puisque le confinement à domicile, la distanciation physique, les restrictions de voyages et la fermeture des frontières ont entraîné une chute drastique de 40% de la production pour la seule année 2020. Avec la poursuite des mesures sanitaires en 2021, les activités de voyage au Canada sont demeurées bien en deçà des niveaux habituels, mais l’industrie a pu récupérer une partie de ses pertes, enregistrant un rebond de 17 % de la production. Le PIB ainsi affiché un déclin de 2,9 % par année en moyenne sur l’ensemble de la période 2012-2021. Malgré une solide croissance de la production avant la pandémie (+2,8 % par année), l’emploi a connu une tendance baissière, diminuant au taux moyen de 1,0 % annuellement de 2012 à 2019. Cette tendance s’est amplifiée pendant la pandémie alors que l’emploi a chuté de 28 % en 2020 et de 4,8 % en 2021, entraînant un recul de 4,6 % par année en moyenne au cours de la dernière décennie. Dans l’ensemble, la croissance de la productivité a été positive pour se situer à 3,3 % annuellement, essentiellement attribuable à la réduction des effectifs avant la pandémie. Les innovations technologiques, comme les réservations d’hôtel en ligne et les agents conversationnels (chatbots), ont contribué à diminuer la demande de main-d’œuvre et augmenter la productivité en rationalisant les services à la clientèle et en offrant des interactions plus fluides avec les clients. L’intensification de la concurrence en provenance de nouveaux modèles d’affaires comme Airbnb et Vrbo, a également incité l’industrie à réduire ses coûts d’opération. Selon Statistique Canada, les revenus provenant de ce type d’hébergement privé de court terme ont bondi de 265 millions de dollars en 2015 à 2 760 millions de dollars en 2018. Les entreprises de type Airbnb représentaient 18 % de l’ensemble des inventaires associés à l’hébergement au Canada.

Au cours de la période de projection, la croissance du PIB dans les services d’hébergement devrait revenir en territoire positif et se redresser de façon marquée, à mesure que l’industrie se remet de la pandémie et continue à prendre de l’expansion. La levée des mesures sanitaires; le retour des conférences et des voyages d’affaires; l’accumulation d’une demande refoulée pour l’activité touristique; et la reprise des activités artistiques, de divertissement et de loisirs (concerts, grands événements sportifs, etc.) sont autant de facteurs qui devraient entraîner une hausse supplémentaire de la production en 2022 (+29 %) et 2023 (+12 %). Cependant, une fois que la production se sera entièrement rétablie, la croissance devrait ralentir de manière significative puisque la forte inflation et la hausse des taux d’intérêt pèseront sur les budgets des ménages et les profits des entreprises, limitant la croissance des dépenses discrétionnaires liées aux voyages récréatifs et aux voyages d’affaires qui sont souvent perçus comme des activités non essentielles. Lorsque l’inflation aura retrouvé son taux cible de 2 %, les taux d’intérêt devraient commencer à diminuer, ce qui contribuera à soutenir le revenu disponible et les profits corporatifs, permettant aux individus et aux entreprises d’augmenter leurs dépenses discrétionnaires et à l’industrie de poursuivre son expansion. L’activité touristique continuera à bénéficier de la faiblesse de la devise, de la robustesse du marché du travail (plein emploi) au Canada et aux États-Unis, et du fait que le Canada sera parmi les trois pays qui accueillera la Coupe du monde de la FIFA 2026 (avec les États-Unis et le Mexique). L’industrie devrait également bénéficier du retrait massif des baby-boomers de la population active, puisque ce groupe démographique imposant et relativement aisé aura plus de temps à consacrer aux activités touristiques, incluant les camps de loisirs et les parcs pour véhicules récréatifs. On prévoit que les baby-boomers hériteront de montants substantiels en richesse et en actifs au cours de la prochaine décennie, ce qui représente une source additionnelle de revenus à consacrer aux voyages et aux services d’hébergement (ceci aidera à contrebalancer le ralentissement anticipé dans la croissance du revenu disponible et des dépenses de consommation suite au ralentissement graduel de la croissance de l’emploi au Canada). L’activité touristique reposera de plus en plus sur les voyageurs en provenance des pays d’outre-mer, en particulier ceux provenant des économies émergentes où les dépenses de voyages sont en forte croissance grâce à la hausse des revenus. En comparaison avec les touristes américains, les voyageurs en provenance des pays d’outre-mer ont tendance à demeurer plus longtemps au Canada et à y dépenser davantage. Par contre, le nombre croissant d’entreprises et d’organisations utilisant des plates-formes en ligne pour les réunions et les conférences afin d’économiser sur les voyages d’affaires devrait venir restreindre la demande de services d’hébergement, en particulier dans les zones urbaines et les centres-villes.

On projette que le PIB de l’industrie croîtra à un taux moyen de 5,4 % par année sur la période 2022-2031, grâce à de fortes augmentations durant les deux premières années de la projection. Le rebond considérable de la production par rapport à la décennie précédente devrait également entraîner une solide reprise de l’emploi au taux annuel de 3,4 % en moyenne, enregistrant la plupart des gains de 2022 à 2025. Par la suite, la création d’emplois devrait ralentir en raison d’une croissance plus lente de la production et des gains supplémentaires en matière de productivité. Dans l’ensemble, la productivité devrait augmenter à un taux moyen de 2,0 % par année sur la prochaine décennie, enregistrant une grande partie des gains en 2022-2023 en réponse aux ajustements postpandémiques et aux frictions dans l’offre de main-d’œuvre. En effet, puisque l’industrie a été sévèrement touchée par les mesures sanitaires et un niveau élevé d’incertitude durant la pandémie, plusieurs anciens travailleurs ont trouvé un emploi dans des industries plus sécures, entraînant certaines frictions cycliques dans l’offre de main-d’œuvre. À plus long terme, la croissance de la productivité devrait s’atténuer puisqu’une partie considérable des ajustements aux innovations technologiques et aux nouveaux modèles d’affaires a eu lieu avant la pandémie. Néanmoins, des gains de productivité supplémentaires sont encore possibles grâce à des technologies comme les plateformes d’automatisation des centres de contact, qui associent l’automatisation à l’intelligence artificielle. En permettant aux entreprises d’automatiser une part importante des requêtes reliées aux services à la clientèle, ces technologies tirent parti de l’intelligence conversationnelle et de la facilité de navigation des plateformes, et comprennent souvent des services intégrés de téléphonie et de gestion des relations avec les clients ainsi que des techniques d’analyses avancées des préférences des consommateurs. Les services d’hébergement sont aussi caractérisés par un taux de roulement élevé du personnel en raison de la prédominance du travail à temps partiel et saisonnier et de salaires nettement inférieurs aux autres industries. Ces facteurs, combinés aux pressions démographiques sur l’offre de main-d’œuvre au Canada et au resserrement du marché du travail, représentent des incitations supplémentaires pour l’industrie à améliorer sa productivité puisqu’il pourrait devenir plus en plus difficile de concurrencer les autres industries afin d’attirer des travailleurs. En raison de gains de productivité supplémentaires et de potentielles difficultés à retenir et attirer des travailleurs, on anticipe que l’emploi dans les services d’hébergement ne reviendra pas à son niveau prépandémique au cours de la période de projection.

Croissance du PIB réel et de l’emploi dans les services d’hébergement

Ce graphique montre la croissance annuelle du PIB réel et de l’emploi au cours des périodes 2012 à 2021 et 2022 à 2031 dans les services d’hébergement. Les données sont présentées dans le tableau à la suite de ce graphique

Sources : Statistique Canada (données historiques) et EDSC, projections industrielles 2022 du SPPC.

Version texte de la figure Croissance du PIB réel et de l’emploi dans les services d’hébergement (moyenne annuelle, %)
  PIB réel Emploi
2012-2021 -1,3 -4,6
2022-2031 5,4 3,4

Sources : Statistique Canada (données historiques) et EDSC, projections industrielles 2022 du SPPC.


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