Système de projection des professions au Canada (SPPC)
Sommaire industriel
Architecture, génie et services de design et de R-D scientifique
(SCIAN 5413; 5414; 5417)
Cette industrie comprend les établissements qui fournissent des services hautement spécialisés aux entreprises dans trois segments différents. Les services d’architecture, de génie et services connexes représentent de loin le plus important segment, totalisant 77 % de la production et 73 % de l’emploi en 2021. En comparaison, les services spécialisés de design (qui comprennent le design intérieur, industriel et graphique) totalisaient seulement 4 % de la production, mais 14 % de l’emploi, versus 19 % et 13 % respectivement pour les services de recherche et développement scientifique. L’industrie comptait 424 900 travailleurs en 2021, principalement concentrés en Ontario (40 %), au Québec (23 %), en Colombie-Britannique (16 %) et en Alberta (13 %). La main-d’œuvre est majoritairement composée de travailleurs masculins (64 %) et caractérisée par un haut niveau de scolarité et une forte proportion de travailleurs indépendants (24 %). Les professions clés (CNP à 4 chiffres) incluent :
- Designers graphiques et illustrateurs/illustratrices (5241)
- Ingénieurs civils/ingénieures civiles (2131)
- Autres ingénieurs/ingénieures, n.c.a. (2148)
- Designers d’intérieur et décorateurs/décoratrices d’intérieur (5242)
- Technologues et techniciens/techniciennes en dessin (2253)
- Architectes (2151)
- Ingénieurs mécaniciens/ingénieures mécaniciennes (2132)
- Ingénieurs électriciens et électroniciens/ingénieures électroniciennes et électroniciennes (2133)
- Technologues et techniciens/techniciennes en génie civil (2231)
- Directeurs/directrices des services de génie (0211)
- Inspecteurs/inspectrices en construction (2264)
- Géoscientifiques et océanographes (2113)
- Technologues et techniciens/techniciennes en arpentage (2254)
- Directeurs/directrices des services d’architecture et de sciences (0212)
- Technologues et techniciens/techniciennes en chimie (2211)
- Ingénieurs/ingénieures de l’extraction et du raffinage du pétrole (2145)
- Biologistes et personnel scientifique assimilé (2121)
- Technologues et techniciens/techniciennes en génie mécanique (2232)
- Ensembliers/ensemblières de théâtre, dessinateurs/dessinatrices de mode, concepteurs/conceptrices d’expositions et autres concepteurs/conceptrices artistiques (5243)
- Technologues et techniciens/techniciennes en architecture (2251)
- Technologues et techniciens/techniciennes en génie électronique et électrique (2241)
- Technologues et techniciens/techniciennes en génie industriel et en génie de fabrication (2233)
- Chimistes (2112)
- Vérificateurs/vérificatrices et essayeurs/essayeuses des essais non destructifs (2261)
- Arpenteurs-géomètres/arpenteuses-géomètres (2154)
- Technologues et techniciens/techniciennes en biologie (2221)
- Technologues et techniciens/techniciennes en géologie et en minéralogie (2212)
- Designers industriels/designers industrielles (2252)
- Ingénieurs chimistes/ingénieures chimistes (2134)
- Ingénieurs géologues/ingénieures géologues (2144)
- Ingénieurs/ingénieures d’industrie et de fabrication (2141)
- Physiciens/physiciennes et astronomes (2111)
- Architectes paysagistes (2152)
L’industrie repose fortement sur la performance de l’économie canadienne et est en grande partie stimulée par l’investissement des entreprises et les dépenses gouvernementales, ainsi que les activités en matière de recherche et développement (R-D). Plus précisément, les services d’architecture et de génie ainsi que les services de design sont fortement liés à l’investissement résidentiel et non résidentiel, et à son impact sur les activités de construction. La demande pour les services de génie repose également sur l’investissement des entreprises en machines et équipements. En comparaison, le segment de la R-D est étroitement lié aux dépenses des secteurs privé et public pour le développement de nouvelles technologies et de nouveaux produits novateurs. Les activités de R-D sont généralement soutenues par les profits du secteur privé et les dépenses du secteur public. Dans l’ensemble, l’industrie a affiché une croissance plutôt modérée au sein de l’économie canadienne au cours des dix dernières années, puisque la production a connu des fluctuations considérables.
Après avoir subi les contrecoups de la récession de 2008-2009, la production s’est redressée au cours des cinq années suivantes, puisque les faibles taux d’intérêt hypothécaires et les prix élevés de l’énergie sont venus stimuler la construction de nouveaux logements et le développement d’importants projets énergétiques. Cependant, le PIB de l’industrie a reculé de nouveau en 2015 et 2016, puisque l’investissement non résidentiel et les activités de construction ont été sévèrement affectés par la chute des investissements dans les ouvrages de génie liés aux installations pétrolières et gazières suite à l’effondrement des prix du pétrole brut. La production s’est redressée en 2017-2018 et a continué de croître en 2019, soutenue par une hausse de la construction de bâtiments non résidentiels, bien que la croissance ait été limitée par une légère baisse de l’activité résidentielle. Le PIB a reculé encore en 2020 avec l’arrêt des activités de construction au début de la pandémie de COVID-19, mais celui-ci s’est rapidement redressé en 2021 grâce à une flambée de la construction de nouveaux logements. Outre les fluctuations importantes de l’investissement résidentiel et non résidentiel, la tendance baissière dans les investissements en machine et équipement et la stagnation des dépenses en R-D ont également contribué à freiner la croissance de la production dans l’industrie. Le PIB a donc progressé à un rythme plutôt modeste de 1,3% par année en moyenne sur l’ensemble de la période 2012-2021. Du côté de l’emploi, la croissance a largement suivi celle de la production, bien qu’à un rythme plus rapide de 1,5 % par année, en raison d’une légère baisse de la productivité (-0,2 % annuellement). Le recul de la productivité s’explique par le fait que la chute de l’investissement non résidentiel a sévèrement perturbé les activités au sein de l’industrie, entraînant une baisse des revenus et des profits, ce qui a contraint plusieurs entreprises à réduire leurs dépenses en capital, y compris l’investissement dans les nouvelles technologies. L’industrie est également très intensive en main-d’œuvre et dépend de travailleurs hautement qualifiés dont les tâches sont moins susceptibles d’être automatisées.
Au cours de la période de projection, l’industrie devrait enregistrer une modeste accélération de la croissance de sa production par rapport à la période 2012-2021, alimentée par une croissance plus rapide de la construction de bâtiments non résidentiels et par un redressement des investissements reliés aux ouvrages de génie, aux machines et équipements, ainsi qu’aux activités de recherche et développement. Par exemple, la demande pour les services d’architecture, de génie et de design sera alimentée par l’accélération projetée dans la construction de bâtiments industriels et commerciaux, puisque la transition vers une économie verte et davantage axée vers le commerce électronique se traduira par une demande accrue pour des bâtiments écoénergétiques, des usines de fabrication de véhicules électriques et des espaces d’entreposage. Après une chute brutale au cours des dernières années causée par la faiblesse des prix du pétrole, l’investissement dans les ouvrages de génie devrait se redresser, soutenue par des projets d’envergure dans les secteurs de l’électricité, des transports et des mines en réponse à une demande grandissante pour les sources d’énergie non polluantes, les systèmes de transport en commun et les minéraux critiques (utilisés dans la production d’énergie propre). Le programme d’infrastructure du gouvernement fédéral lancé en 2016 (186 milliards de dollars sur 12 ans) devrait également continuer à soutenir la construction d’ouvrages de génie publiques et de bâtiments institutionnels. Outre les infrastructures de transport conventionnel et de transport en commun et les infrastructures environnementales et rurales, ce programme comprend également des dépenses pour les "infrastructures sociales" telles que des infrastructures culturelles et récréatives. Par ailleurs, après avoir limité leurs investissements en machines et équipements pendant des années, on s’attend à ce que les entreprises canadiennes remplacent ou modernisent leur stock de capital, en réponse au développement de nouvelles technologies permettant d’améliorer la productivité, à l’accélération anticipée dans l’activité manufacturière, ainsi qu’aux pressions démographiques sur l’offre de main-d’œuvre. Ces facteurs se traduiront par un redressement marqué des investissements en machines et équipements au Canada, augmentant la demande pour les services de génie. De façon similaire, le redressement des investissements en matière de propriété intellectuelle, incluant les activités de R-D, viendra stimuler la croissance de l’industrie dans les segments de la recherche scientifique et du design industriel.
En revanche, la demande pour les services d’architecture pourrait être contrainte par la légère baisse anticipée dans l’investissement résidentiel (incluant la construction de nouveaux logements) au cours de la période de projection, en raison de la flambée du prix des maisons et de la hausse des taux d’intérêt hypothécaires à court terme et du déclin dans le taux de formation des ménages causé par une population vieillissante à plus long terme. Cela dit, l’augmentation de la population urbaine devrait contribuer à soutenir la demande pour de nouveaux bâtiments résidentiels et immeubles à usage mixte comprenant des commerces, des bureaux et des logements, faisant appel à l’expertise d’architectes. Sur le plan international, l’industrie devrait pouvoir enregistrer une hausse de ses exportations en matière de génie-conseil et d’architecture puisque la demande pour l’expertise canadienne est en forte croissance. Outre la valeur relativement faible du dollar canadien qui maintiendra la compétitivité des prix, notamment sur le marché américain, la reconnaissance mutuelle des titres de compétence professionnelle en vertu de l’Accord économique et commercial global (AECG) devrait permettre à l’industrie de soumissionner pour des contrats sur le marché européen. On projette que le PIB de l’industrie augmentera à un taux moyen de 1,5 % par année sur l’horizon 2022-2031. Malgré une légère accélération de la croissance de la production par rapport à la décennie précédente, la croissance de l’emploi devrait ralentir de façon significative, pour se situer à 1,1 % annuellement, en raison d’un redressement de la productivité qui devrait augmenter de 0,6 % par année en moyenne. Cette situation reflète le besoin d’améliorer la productivité suite à la difficulté croissante de recruter des travailleurs hautement qualifiés et la nécessité d’améliorer la compétitivité des coûts face à une concurrence plus ouverte sur le marché mondial, particulièrement avec la mise en œuvre de l’AECG. Par exemple, plusieurs professions reliées aux ingénieurs (CNP 2131, 2133, 2141, 2142) et aux architectes (CNP 2151, 2152, 2153, 2154) devraient continuer à montrer des signes de pénurie au cours des dix prochaines années. Dans un contexte où il sera de plus en plus difficile d’embaucher des travailleurs supplémentaires, l’industrie devra adopter des technologies permettant d’améliorer la productivité. Parmi celles-ci, mentionnons les techniques de modélisation des informations sur les bâtiments pour automatiser une grande partie des travaux de design et de génie, l’impression en trois dimensions pour concevoir des composants modulaires, et l’utilisation de drones pour inspecter et évaluer les structures de grande dimension ou celles qui sont difficiles d’accès.
Croissance du PIB réel et de l’emploi dans les services d'architecture, de génie, de design et de r-d scientifique
Sources : Statistique Canada (données historiques) et EDSC, projections industrielles 2022 du SPPC.
PIB réel | Emploi | |
---|---|---|
2012-2021 | 1,3 | 1,5 |
2022-2031 | 1,5 | 0,9 |
Sources : Statistique Canada (données historiques) et EDSC, projections industrielles 2022 du SPPC.