Système de projection des professions au Canada (SPPC)
Sommaire industriel
Services juridiques, de comptabilité, de conseils et autres
(SCIAN 5411; 5412; 5416; 5418; 5419)
Cette industrie comprend les établissements qui offrent des services hautement spécialisés aux entreprises dans cinq segments différents: services juridiques (26 % de la production et 23 % de l’emploi en 2021); services de comptabilité, de préparation de déclarations de revenus, de tenue de livres et de paye (25 % et 28 %); services de conseils en gestion et de conseils scientifiques et techniques (25 % et 22 %); publicité et relations publiques (10 % et 15 %); et autres services professionnels, scientifiques et techniques comme les services de photographie et de traduction ainsi que les services vétérinaires (14 % et 13 %). Dans l’ensemble, l’industrie comptait 718 100 travailleurs en 2021, principalement concentrés en Ontario (43 %), au Québec (22 %), en Colombie-Britannique (14 %) et en Alberta (12 %). La main-d’œuvre est composée d’une majorité de travailleurs féminins (60 %) et caractérisée par un haut niveau de scolarité et une forte proportion de travailleurs indépendants (33 %). Étant donné la grande variété d’activités, les professions clés (CNP à 4 chiffres) incluent une combinaison de :
- Vérificateurs/vérificatrices et comptables (1111)
- Avocats/avocates et notaires (4112)
- Professionnels/professionnelles des services-conseils en gestion aux entreprises (1122)
- Techniciens/techniciennes en comptabilité et teneurs/teneuses de livres (1311)
- Adjoints administratifs juridiques/adjointes administratives juridiques (1242)
- Techniciens/techniciennes juridiques et personnel assimilé (4211)
- Professionnels/professionnelles en publicité, en marketing et en relations publiques (1123)
- Photographes (5221)
- Technologues en santé animale et techniciens/techniciennes vétérinaires (3213)
- Agents/agentes de développement économique, recherchistes et experts-conseils/expertes-conseils en marketing (4163)
- Auteurs/auteurs, rédacteurs/rédactrices et écrivains/écrivaines (5121)
- Recherchistes, experts-conseils/expertes-conseils et agents/agentes de programmes, en sciences naturelles et appliquées (4161)
- Vétérinaires (3114)
- Directeurs/directrices d’autres services aux entreprises (0125)
- Designers graphiques et illustrateurs/illustratrices (5241)
- Directeurs/directrices de la publicité, du marketing et des relations publiques (0124)
- Directeurs financiers/directrices financières (0111)
- Mathématiciens/mathématiciennes, statisticiens/statisticiennes et actuaires (2161)
- Agronomes, conseillers/conseillères et spécialistes en agriculture (2123)
- Shérifs et huissiers/huissières de justice (4421)
- Professionnels/professionnelles des sciences forestières (2122)
L’industrie est étroitement liée à la performance de l’économie canadienne et repose en grande partie sur les activités des entreprises et les dépenses gouvernementales. Les profits corporatifs représentent également un facteur de croissance important pour l’industrie, car des profits plus élevés signifient davantage de revenus discrétionnaires disponibles pour l’achat de services juridiques, services-conseils et services publicitaires, souvent perçus comme des activités non essentielles. Bien que l’industrie repose principalement sur le marché intérieur, elle est aussi sensible aux conditions économiques extérieures puisque que la clientèle provient de différents types d’entreprises, dont certaines dépendent largement de la demande étrangère. Après avoir subi les contrecoups de la récession en 2009, la production s’est lentement redressée durant les trois années qui ont suivi, avant de croître à un rythme plus ferme de 2013 à 2019. Au cours de cette période, l’industrie a bénéficié de plusieurs facteurs, dont une croissance soutenue des profits corporatifs, une demande robuste pour les services juridiques, comptables, experts-conseils et publicitaires (largement attribuable au nombre croissant d’entreprises qui font appel à la sous-traitance); un nombre croissant de fusions et d’acquisitions; et une hausse importante des dépenses en publicité numérique. La convergence des normes internationales en matière de comptabilité et la place grandissante qu’occupe les institutions financières canadiennes sur la scène internationale sont également venus accroître les exportations de services comptables, alors qu’un dollar canadien à la baisse (découlant de la chute des prix du pétrole brut en 2014-2015) a permis aux experts-conseils et aux publicitaires du pays de devenir plus concurrentiels sur les marchés étrangers.
Cependant, l’industrie a enregistré un nouveau recul de sa production en 2020, en raison du déclin de l’activité économique au pays et à l’échelle mondiale durant la première année de la pandémie de COVID-19. Tous les segments de l’industrie ont été sévèrement touchés, à l’exception des services de comptabilité qui sont moins sensibles aux fluctuations cycliques de l’économie. La production a fortement rebondi en 2021, en hausse de 8,4 %, principalement alimentée par un regain substantiel des profits corporatifs et par l’accumulation d’une demande refoulée pour les services juridiques et les services d’experts-conseil. Le PIB de l’industrie a ainsi augmenté de 2,7 % par année en moyenne sur l’ensemble de la période 2012-2021, et les gains de production ont été répartis en parts égales entre la croissance de l’emploi et celle de la productivité. L’emploi a progressé à un rythme moyen de 1,4 % par année, enregistrant la majeure partie des gains entre 2015 et 2021, alors que la productivité a cru de 1,3 % annuellement, stimulée par la rapidité des progrès en matière de technologies cognitives. En effet, les tâches cognitives routinières sont de plus en plus automatisées et exécutées par la technologie, alors que les tâches cognitives non routinières sont de plus en plus appuyées et renforcées par la technologie. Par exemple, les tâches liées à la saisie de données, à la préparation de déclarations de revenus, à la recherche juridique et à la traduction sont de plus en plus susceptibles d’être accomplies par des applications en ligne et des logiciels spécialisés, tandis que l’intelligence artificielle et l’apprentissage machine viennent appuyer et complémenter des emplois hautement spécialisés sur le plan des services professionnels et des services d’experts-conseils.
Au cours de la période de projection, l’industrie devrait enregistrer une croissance plus modérée de sa production par rapport à la période 2012-2021, principalement en raison du ralentissement anticipé dans l’ensemble de l’activité économique à court terme. Alors qu’on projette un gain supplémentaire de 2,3 % en 2022, la production devrait augmenter à un rythme moins rapide en 2023-2024, car la forte inflation et la hausse des taux d’intérêt viendront freiner la croissance de la demande intérieure finale et l’activité commerciale, entraînant un recul des profits corporatifs. Lorsque l’inflation reviendra à son taux cible de 2 %, la croissance de la production dans l’industrie devrait s’améliorer modestement, soutenue par une légère reprise cyclique de l’activité commerciale. À plus long terme, la croissance de la production devrait évoluer de pair avec celle de l’ensemble de l’économie. L’industrie continuera à bénéficier du nombre croissant d’entreprises dans différents secteurs de l’économie qui choisissent de sous-traiter leurs fonctions corporatives en vue d’accroître leur efficacité opérationnelle, en particulier les entreprises manufacturières qui sont davantage exposées à la concurrence des pays à faibles coûts de production. Dans un tel contexte, l’accélération anticipée dans l’activité manufacturière au Canada et une croissance soutenue dans les autres secteurs de l’économie offrent davantage d’opportunités pour l’industrie. On anticipe que la demande pour les services juridiques et comptables sera alimentée par une plus grande complexité de la réglementation corporative et des processus de vérification comptable, par la hausse des cyberattaques et des activités frauduleuses, et par le nombre croissant de fusions et d’acquisitions. Aussi, les firmes d’experts-conseils interviennent de plus en plus dans les domaines de la gestion des ressources humaines, des solutions environnementales et de la mise en place de nouvelles technologies. Ces firmes devraient bénéficier de la hausse des dépenses dans différents projets d’infrastructure ainsi que du Plan fédéral de réduction des émissions pour 2030. Par ailleurs, la demande pour les services publicitaires devrait être alimentée par l’utilisation de mégadonnées afin d’obtenir une meilleure compréhension du comportement des consommateurs, par les nouveaux développements publicitaires découlant des technologies mobiles et multimédia, ainsi que par les nouvelles stratégies d’exploitation des médias sociaux. Plusieurs segments de l’industrie tireront profit de l’intelligence artificielle et de l’apprentissage machine afin de résoudre des problèmes commerciaux de plus en plus complexes, ce qui pourrait donner naissance à de nouveaux secteurs d’activité.
L’industrie pourrait également voir augmenter ses exportations de services professionnels puisque la demande pour l’expertise canadienne connaît une croissance rapide. De plus, la valeur relativement faible du dollar canadien maintiendra la compétitivité des prix, notamment sur le marché américain, alors que la reconnaissance mutuelle des titres de compétence professionnelle en vertu de l’Accord économique et commercial global (AECG) devrait permettre aux fournisseurs de services professionnels de soumissionner pour des contrats sur le marché européen. En revanche, plusieurs entreprises sont exposées à des risques liés à la volatilité des revenus et à la fidélisation de la clientèle, puisque la fidélité des clients repose souvent sur des employés particuliers. En moyenne, on projette que le PIB de l’industrie augmentera de 2,0 % par année sur l’horizon 2022-2031. Malgré une croissance plus lente de la production par rapport à la décennie précédente, la croissance de l’emploi devrait accélérer légèrement pour se situer à 1,7% par année, en raison d’une hausse moins rapide de la productivité (+0,3 % annuellement). Le ralentissement anticipé dans la croissance de la productivité reflète essentiellement trois années de croissance négative ou anémique au début de la période de projection. À partir de 2025, la croissance de la productivité devrait reprendre et se rapprocher de sa moyenne historique, ce qui se traduira également par des gains d’emploi plus modestes pour le reste de la période de projection. Cela dit, compte tenu de la nature hautement intensive de l’industrie en matière de main-d’œuvre, des travailleurs hautement qualifiés seront toujours nécessaires pour effectuer des analyses rigoureuses et pour interagir avec les clients.
Croissance du PIB réel et de l’emploi dans les services juridiques, de comptabilité, de conseils et autres services professionnels
Sources : Statistique Canada (données historiques) et EDSC, projections industrielles 2022 du SPPC.
PIB réel | Emploi | |
---|---|---|
2012-2021 | 2,7 | 1,4 |
2022-2031 | 2,0 | 1,7 |
Sources : Statistique Canada (données historiques) et EDSC, projections industrielles 2022 du SPPC.